Entrelacs de Bernard Calet

Client : Galerie Fernand Léger – Ivry-sur-Seine

Géographie Commune, 2003 réalisée dans le cadre de la Bourse d’Art Monumental de la Ville d’Ivry-sur-Seine, est une image satellitaire, une vue en plongée vers le sol. Des adverbes de lieu traduits en différentes langues avec la collaboration d’habitant·es de la ville, activent une autre toponymie. Entre l’Ici et le là-bas, cette nouvelle cartographie, évocatrice de différents pays, proches ou plus lointains, invite à voyager mentalement.

Entrelacs qui vient en écho, est une exposition pensée comme une promenade entre multiples univers qui cohabitent. Le piéton dans sa déambulation passe sous les arcades des bâtiments de l’architecte Renaudie et pénètre en sous-sol dans la Galerie Fernand Léger. Il descend dans les cavités pensées à l’origine pour être des salles de cinéma, les salles d’expositions en gardent le relief. Les univers de l’architecture, celui du vivant qu’elle abrite ou qui lui résiste, la fiction cinématographique structurent le propos développé pour le lieu.

Ce qui est déployé ici, ce sont des éléments propres aux villes en mutation dont le processus de transformation met en présence des plans, des programmes, des perspectives ordonnés par la volonté de l’homme, et les réalités plus aléatoires des mouvements, des déplacements fortuits du vivant et de son installation : groupes humains, espèces animales et végétales.

 

Arrimé au sol par ses racines, le monde végétal semble à première vue constituer, au sein du vivant, celui de l’immobilité. Pourtant, les plantes adventices, non alignées, se déplacent d’espaces en espaces, migrent, prenant place dans les interstices de la ville, dans les failles, les creux, les délaissés, les marges. De friches en bordure de rues, à ras de trottoir, une soixantaine de plantes sauvages ont ainsi été rencontrée à Ivry au cours de dérives urbaines. À la faveur d’un oiseau, d’une semelle ou d’un coup de vent, des transports commerciaux, elles prennent racine, habite et transforme le sol. « À partir du sol et lancée dans l’air la plante palpe le monde » nous dit Jean-Christophe Bailly. C’est du sol que sont extraits nos matériaux de construction.

Et puis, …, 2022, est un assemblage de palettes de transport de marchandises moulées en béton et assemblées comme une ossature de bâtiment. Ces modules qui accueillent du végétal, entrent en résonance avec l’architecture environnante.

D’autres plantes arrivent dans l’exposition, d’une façon plus organisée ou de façon plus planifiée. Elles sont présentées, en attente, comme des figurants sur un plateau vert et bleu, les deux couleurs utilisées dans les studios de cinéma. Ça tourne !

Transports, translations, déplacements réels et virtuels sont des concepts qui irriguent mon travail, au sens premier du terme en grec métaphora et de son développement, métaphore. Passage du réel à la fiction, de la rue aux salles de projection, d’exposition ; une promenade où s’entrecroisent plusieurs temporalités.

Bernard CALET